Article publié dans Les Affaires du 28 02 2025, écrit par Xavier CHAMBON
(Photo: Adobe Stock)
COURRIER DES LECTEURS. Depuis l’arrivée de la nouvelle administration aux États-Unis, l’attention du Canada est tournée vers l’évolution des relations économiques entre les deux pays. Les discussions sur les tarifs douaniers dominent l’actualité, reléguant même au second plan les tempêtes de neige historiques du Québec et les incontournables matchs de hockey – c’est dire l’ampleur du sujet.
Consultez notre dossier «Franchises: s’entourer des bons partenaires d’affaires»
Mais qu’en est-il du monde de la franchise ? Comment les franchiseurs et les franchisés anticipent-ils les mois à venir ? Entre élections fédérales et tensions commerciales en raison des tarifs douaniers, la portée sur les réseaux de franchises québécois pourrait être significative. Décryptage des défis et des occasions pour le secteur face à cette nouvelle donne économique.
À date, la franchise au Québec se porte plutôt très bien.
Créateur de richesses et d’emplois: Si l’on se réfère à la dernière mise à jour de l’étude du Conseil québécois de la franchise, le nombre de commerces «franchisés» a progressé de 15 000 à 25 500 et les franchises emploient 351 100 personnes. La franchise au Québec génère 88,8 milliards de dollars.
Résilience du modèle: plus de 95 % des franchises sont encore en activité cinq ans après leur ouverture, alors que dans l’entreprise indépendante, on tourne autour de 50%.
Partout au Québec et dans de nombreux secteurs: de 2022 à 2024, le nombre d’employés «franchisés» a augmenté dans toutes les régions du Québec et dans tous les secteurs importants de la franchise : restauration (+7,5 %), transport (+7,7 %), alimentation (+5,9 %), soins de santé (+5,2 %), vente au détail (+1,9 %). On le voit, la franchise est une véritable industrie qui se développe et résiste mieux aux tempêtes. C’est de bon augure, car malgré la bonne santé du secteur, les défis sont nombreux et l’avenir est assez peu lisible à court terme.
Comment naviguer en eaux troubles lorsque l’on est franchiseur au Québec ?
Bien qu’il soit encore trop tôt pour se prononcer, la hausse des tarifs douaniers aura des répercussions dans l’économie canadienne; c’est certain. Même si le Canada dispose de ses propres armes pour répliquer, la hausse des prix inquiète notamment les franchiseurs dont la chaîne d’approvisionnement dépend en partie du marché américain. Mais pourquoi aller voir ailleurs alors qu’il suffit de traverser la frontière pour y avoir ou vendre ce que l’on veut à prix intéressants et d’avoir comme partenaire commercial, la première puissance mondiale ?
Diversifier les marchés: acheter local, explorer de nouveaux marchés pour les fournisseurs; le Québec et plus largement le Canada comprend maintenant qu’il n’y a pas d’autre choix que de s’ouvrir à d’autres marchés comme l’Europe, l’Asie, le Moyen-Orient ou l’Afrique. Pour maintenir des tarifs acceptables pour le consommateur, préserver les marges, allons voir ailleurs.
Avoir du leadership: plus que jamais, le franchiseur qui navigue en eaux troubles doit garder son sang-froid, ne pas céder à l’improvisation et agir avec méthode. C’est le temps de travailler ensemble, de partager les expériences entre franchiseurs, d’être proche de sa base. La force d’une franchise c’est qu’elle se nourrit de son réseau, de ses franchisés, de sa capacité à communiquer et à exécuter rapidement. Elle peut tester de nouvelles approches (fournisseurs, recettes, savoir-faire…) et les mettre à disposition du réseau.
Qu’en est-il du franchisé, est-ce le bon moment pour entreprendre en franchise?
En ces temps incertains, il est naturel de se demander si c’est le bon moment de se lancer en franchise lorsque l’on veut entreprendre.
Bien que cette question soit légitime, la franchise représente au contraire une forme d’entrepreneuriat structurée et plus encadrée, offrant un cadre sécurisant et limitant les risques.
On l’a mentionné plus haut, la franchise résiste mieux face à la récession. Les franchises émergent grâce à l’innovation et à leur capacité de résistance aux aléas économiques. Elles reposent sur des modèles d’affaires robustes, ayant fait leurs preuves même dans des contextes difficiles.
Avoir confiance dans des marques établies: en période d’incertitude, les consommateurs privilégient les marques qu’ils connaissent et en lesquelles ils ont confiance. En tant que franchisé, l’entrepreneur profite de cette fidélité, attirant aussi bien des clients fidèles que de nouveaux consommateurs en quête de fiabilité.
Maintenir les efforts marketing: contrairement aux petites entreprises indépendantes qui réduisent souvent leurs dépenses de marketing en période d’incertitude, les franchises continuent généralement leurs efforts de publicité et de relations publiques.
Soutien et formation continue: les franchises offrent un soutien continu aux franchisés. La beauté d’appartenir à un réseau c’est que l’on n’est pas seul. Le franchiseur peut transmettre et partager des informations du réseau pour mettre en place les meilleures pratiques.
Plus d’occasions en temps incertains
L’incertitude économique ne doit pas décourager de se lancer en franchise. Au contraire, c’est peut-être le moment idéal pour bâtir son propre succès.
Avoir des compétences en gestion, un esprit entrepreneurial et la volonté de travailler dur, la franchise pourrait être la voie vers l’indépendance professionnelle.
Naviguer en eaux troubles est un exercice familier pour nos franchiseurs du Québec et du Canada.
La gestion des approvisionnements, la diversification des marchés, la consommation plus nationale, le renforcement de la marque local, les franchises d’ici travaillent très fort sur ces sujets.
Bien que les États-Unis restent le principal partenaire commercial du Canada, ce dernier renforce la collaboration entre ses provinces pour plus d’unité.
Pendant ce temps, les entrepreneurs en franchise redoublent d’efforts pour contenir une inflation que les consommateurs canadiens ne peuvent se permettre d’assumer.