CAHIER SPÉCIAL FRANCHISE – JOURNAL LES AFFAIRES – 19 FÉVRIER 2025 rédaction: Philippe-Jean Poirier
Maxime Mayant, PDG de Columbus Café Canada (Photo: courtoisie)
FRANCHISES. Le modèle de la franchise a le vent dans les voiles au Québec. Les franchiseurs recrute pour confier leurs nouvelles localisations à des propriétaires franchisés. Ils valorisent avant tout des candidats qui ont temps, intérêt et énergie à investir dans leur commerce.
Sonny Lemaire, responsable du développement des affaires du réseau de franchises Daoust Nettoyeurs écoperformants, n’y va pas par quatre chemins : sa bannière cherche d’abord et avant tout des franchisés « opérants », qui vont gérer eux-mêmes leur commerce.
Service à la clientèle
«
On se rend compte que, dans notre domaine, le service à la clientèle, c’est quelque chose de critique au succès de nos franchises, explique-t-il. Si jamais une personne veut investir dans un de nos commerces et le gérer à distance, nous allons la surveiller de très près et il aura beaucoup moins droit à l’erreur qu’un franchisé opérant. Nous allons faire des visites régulières et regarder les avis Google. »
Le responsable du développement des affaires ne recherche pas nécessairement des spécialistes du nettoyage de vêtement ou même des gens qui ont un passé d’entrepreneur. Avant de leur confier une franchise, les candidats retenus auront une formation de trois semaines, qui couvre aussi bien le fonctionnement des machines que la manière de gérer un commerce, incluant le recrutement, les ressources humaines, la comptabilité, etc. « Le défi des nouveaux franchisés, c’est de contrôler leur masse salariale, explique Sonny Lemaire. Les magasins sont ouverts de 55 à 65 heures par semaine. Durant cette période, le franchisé doit s’organiser pour avoir suffisamment de personnel pour accueillir les clients et faire toute la production. »
Maître à bord
Le franchiseur français Columbus Café mise lui aussi sur le recrutement de franchisés « uniques » qui géreront eux-mêmes leur café. La chaîne a appris cette leçon à la dure en s’implantant au Québec en 2022. « Au départ, nous recherchions des multifranchisés ayant déjà quelques commerces sous leur contrôle, en nous disant que l’expansion de notre réseau irait plus vite comme cela », explique Maxime Mayant, PDG de Columbus Café Canada. Après une vingtaine d’ouvertures de cafés, les résultats des ventes n’étaient pas au rendez-vous.
L’année dernière, le franchiseur a fait le test de recruter un franchisé unique, ayant de bonnes aptitudes en service à la clientèle. Le chiffre d’affaires de cette nouvelle adresse a progressé de 25 % à 30 % trimestre après trimestre. « Nous nous sommes rendu compte que, pour notre chaîne, nous avions besoin de gens qui ont une fibre commerçante et qui sont présents dans le café. Ça peut être une personne seule, un couple ou une famille, qui veulent opérer ensemble une franchise, pour donner une expérience client de qualité. »
Une équipe pour tout couvrir
Pour devenir un franchisé de la chaîne de restaurants Ashton, les candidats n’ont pas besoin d’avoir été entrepreneurs, mais ils doivent minimalement avoir une expérience « en gestion » ou avoir fait des études en administration des affaires. C’est ce que nous explique Simon Plante, directeur du développement et du franchisage de Ashton, qui cherche des candidatures pour ouvrir de nouveaux restaurants en dehors de la région de Québec.
Au cours du processus de sélection, les candidats devront passer un test psychométrique. Les traits recherchés sont les suivants : la personne doit être orientée sur le contrôle de la qualité et de la conformité, elle doit savoir gérer les priorités, être résistante au stress et à la critique, démontrer la capacité de s’engager à tout mettre en œuvre pour atteindre un objectif.
Simon Plante reconnaît que la liste est costaude. Il apporte cependant une nuance. « Pour avoir du succès en restauration, c’est vrai que ça prend beaucoup de qualités. Et c’est parfois difficile de retrouver toutes ces qualités dans une seule personne. C’est pourquoi nous voyons d’un bon œil les candidatures “de groupe”. »
Si un couple, une famille, des amis ou d’anciens collègues décident de se lancer dans l’aventure, illustre-t-il, il y a plus de chances de réunir toutes les compétences requises. Une personne tire sa force dans le service à la clientèle, alors qu’une autre dans la comptabilité ou l’administration.
Le directeur du franchisage apporte une autre nuance. « Nous tenons aussi compte de l’ampleur du projet. Nous avons actuellement un candidat qui progresse bien dans le processus de sélection. C’est un ancien cadre dans une grande entreprise. Son plan est d’acquérir un comptoir dans un centre commercial. Avec seulement de huit à dix employés à gérer, plutôt que les 20-30 d’un restaurant avec pignon sur rue, et sans service à l’auto, la marche est moins haute. C’est un projet qui nous apparaît intéressant. »