Article de Paule Vermot-Desroches
Le Nouvelliste
Trois-Rivières — Alors que le procès portant sur la vente de l’entreprise trifluvienne Planète Poutine devait être entendu jusqu’au 12 décembre prochain au palais de justice de Joliette, une entente entre les deux parties est intervenue mercredi après-midi, à la faveur du demandeur Benoît Charron. L’acquéreur de cette chaîne de restauration rapide, qui a depuis revendu la chaîne à de nouveaux investisseurs, a obtenu un dédommagement de 300 000 $ dont 50 000 $ en dommages moraux, en plus de la certitude de l’abandon de la poursuite de plus de 500 000 $ intentée contre lui par le fondateur de la chaîne Yves Jr Boissonneault et sa conjointe Stéphanie Noël.

Du règlement, le demandeur dans cette affaire, Benoît Charron, et son avocat Me Jean-Philippe Turgeon de la firme Lavery ont décidé de réserver les 50 000 $ de dommages moraux et punitifs afin de les verser à parts égales de 2500 $ à vingt ex-franchisés de Planète Poutine qui ont perdu dans cette histoire. En effet, au cours de deux jours de procès, il a été possible d’entendre le témoignage de certaines de ces personnes qui ont expliqué à la cour leur expérience quant à la non-rentabilité de leurs opérations, à leurs frustrations à l’égard d’Yves Jr. Boissonneault et au manque de soutien et d’encadrement offert par ce dernier. Plusieurs ont fait faillite depuis.

L’homme d’affaires Serge Beauchemin de l’émission Dans l’œil du dragon est également venu témoigner des raisons qui l’ont poussé à ne pas investir dans cette entreprise après le passage du fondateur à l’émission, en mai 2013.

Rappelons que l’acheteur de l’entreprise, Benoît Charron, poursuivait le fondateur Yves Jr Boissonneault et sa conjointe Stéphanie Noël pour 2,3 M$. Benoît Charron, qui a fait l’acquisition de l’entreprise pour la somme de 2 M$ en 2015, alléguait que M. Boissonneault avait fait de fausses représentations sur la situation financière de l’entreprise lors de la transaction. Yves Jr Boissonneault avait, à son tour, répliqué avec une poursuite de 530 000 $, niant les allégations de M. Charron et réclamant la balance du montant de la vente non versé (500 000 $), en plus de dommages moraux encourus.

Dans une déclaration sous serment faite à la cour dans le cadre de cette entente, Yves Jr Boissonneault a par ailleurs reconnu avoir été mal informé au sujet de Benoît Charron par deux personnes, Jean-François Bouchard et Jean-François Desormeaux, qui, selon sa déclaration, avaient eux-mêmes des démêlés avec M. Charron. Les interventions de ces personnes lui auraient donné l’impression que M. Charron était un fraudeur, ce qui a d’ailleurs mené M. Boissonneault à faire des déclarations aux médias, dont Le Nouvelliste, où il attaquait la réputation de Benoît Charron. M. Boissonneault aurait par ailleurs compris que l’une de ces deux personnes réglerait ses honoraires d’avocats pourvu qu’il ne règle pas le dossier et qu’il aille à procès.

«Je réalise que ces individus ont tenté de se servir de moi pour bonifier leurs dossiers respectifs, faisant fi des conséquences pour Benoît Charron et moi-même. N’eut été de (leurs interventions), le dossier aurait fait l’objet d’un règlement bien avant l’audition, puisqu’il s’agissait de mon intention», peut-on lire dans la déclaration sous serment.

Dans un communiqué de presse convenu entre les parties à l’intérieur de cette entente, M. Boissonneault a d’ailleurs présenté ses excuses à Benoît Charron et sa famille. «Ce règlement met fin à une suite d’événements déplorables qui ont fait couler beaucoup trop d’encre et qui affectent encore à ce jour ma réputation. Monsieur Boissonneault a d’ailleurs dû s’excuser publiquement des conséquences néfastes que ma famille et moi avons subies dans le cadre cette affaire», déclare Benoît Charron.

Au terme de cette entente, il faut donc comprendre que le prix de vente de l’entreprise Planète Poutine a été révisé de 2 M$ à 1 250 000 $. Une entente qui satisfait également Benoît Charron, qui indique que l’argent n’était pas tant le nerf de la guerre de tout ce dossier.

«Je suis très satisfait. Je cherchais d’abord et avant tout à rétablir ma réputation, beaucoup plus que l’argent. Je l’ai aussi fait pour les franchisés qui ont beaucoup perdu dans toute cette histoire, et de mon initiative et celle de mon avocat, nous allons remettre les 50 000 $ de dommages moraux à ces gens, dont plusieurs ont tout perdu», a mentionné M. Charron en entrevue téléphonique.

Pour sa part, Yves Jr Boissonneault a simplement indiqué qu’il a souhaité régler aussi pour éviter aux autres témoins qui devaient être entendus dans cette cause le stress de témoigner. «Ça m’a touché de voir les gens à la barre des témoins et je n’étais pas à l’aise de leur faire subir ce stress-là. Ces gens-là ne méritent pas ça», a-t-il indiqué dans une courte conversation téléphonique.