<p>En Am&eacute;rique du Nord, il y a trois pays qui sont signataires de l&rsquo;Accord de libre-&eacute;change nord-am&eacute;ricain. Ces trois pays sont des f&eacute;d&eacute;rations qui regroupent un total de 91 &eacute;tats membres ou provinces (sans compter les districts f&eacute;d&eacute;raux et les territoires). Dans ces &eacute;tats membres ou provinces, les franchiseurs doivent remettre un document d&rsquo;information &agrave; un franchis&eacute; potentiel.</p>

<p><strong>Partout? Non! </strong>Il y a toujours 5 provinces canadiennes (et les 3 territoires) qui r&eacute;sistent fi&egrave;rement &agrave; cette exigence, bien qu&rsquo;une de ces provinces (la Colombie-Britannique) s&rsquo;appr&ecirc;te &agrave; tomber bient&ocirc;t dans le camp ennemi. Parmi ces irr&eacute;ductibles, on trouve le Qu&eacute;bec. Contrairement &agrave; la c&eacute;l&egrave;bre bande dessin&eacute;e, mon propos n&rsquo;est pas de vous parler du village irr&eacute;ductible, mais plut&ocirc;t de l&rsquo;exp&eacute;rience de la province voisine qui connait cette exigence depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000.</p>

<p>Lors du colloque du Barreau du Qu&eacute;bec sur la franchise tenu en mai dernier, j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; &agrave; m&ecirc;me de constater que le sujet d&rsquo;une loi sur la franchise soul&egrave;ve bien des commentaires (voire m&ecirc;me des passions) parmi les intervenants du monde de la franchise au Qu&eacute;bec. Un des arguments soulev&eacute;s lors des &eacute;changes dont j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; t&eacute;moin est &agrave; l&rsquo;effet que les dispositions du Code Civil sont suffisantes pour prot&eacute;ger ad&eacute;quatement les franchis&eacute;s en cas d&rsquo;abus de la part des franchiseurs.</p>

<p>Il y a effectivement une diff&eacute;rence fondamentale entre le droit civil qu&eacute;b&eacute;cois et la Common Law au sujet des n&eacute;gociations pr&eacute;contractuelles. L&rsquo;exigence de bonne foi au moment de la naissance d&rsquo;une obligation que l&rsquo;on retrouve au Code civil du Qu&eacute;bec, n&rsquo;a pas d&rsquo;&eacute;cho dans la Common Law.&nbsp; Au contraire, la Cour supr&ecirc;me du Canada a r&eacute;it&eacute;r&eacute; qu&rsquo;il n&rsquo;y avait pas, dans les provinces o&ugrave; la Common Law s&rsquo;applique, d&rsquo;obligation de bonne foi dans le cadre de n&eacute;gociations conduisant &agrave; la conclusion d&rsquo;un contrat. Ceci ne veut tout de m&ecirc;me pas dire que la mauvaise foi est permise pour autant.</p>

<p>L&rsquo;obligation d&rsquo;information impos&eacute;e aux franchiseurs, par les lois sur la franchise, vient donc dans une certaine mesure rem&eacute;dier &agrave; cette carence cr&eacute;&eacute;e par la Common Law. Elle permet aux franchis&eacute;s potentiels d&rsquo;obtenir de l&rsquo;information qui ne leur serait pas par ailleurs accessible.</p>

<p>L&agrave; o&ugrave; le droit civil et la Common Law se rejoignent par ailleurs, c&rsquo;au sujet de l&rsquo;obligation de bonne foi dans l&rsquo;ex&eacute;cution et l&rsquo;extinction d&rsquo;un contrat. Les exigences de conduites &eacute;quitables et de bonne foi que l&rsquo;on retrouve dans la <a href="http://www.e-laws.gov.on.ca/html/statutes/french/elaws_statutes_00a03_f.htm">Loi Wishart (loi sur la franchise en Ontario, </a>ont tout simplement codifi&eacute; ce qui existait d&eacute;j&agrave;.</p>

<p>Toutefois, en mettant ces exigences dans le cadre d&rsquo;une loi particuli&egrave;re, le l&eacute;gislateur ontarien a chang&eacute; radicalement les r&egrave;gles d&rsquo;interpr&eacute;tation qui s&rsquo;appliquent. En effet, une loi particuli&egrave;re s&rsquo;interpr&egrave;te, entre autres, en recherchant le but de la loi et en lui donnant effet.</p>

<p>En Ontario, les tribunaux ont d&eacute;termin&eacute; que le but de la loi sur la franchise &eacute;tait de r&eacute;tablir un &eacute;quilibre entre le franchiseur et le franchis&eacute;. La loi Wishart a donc &eacute;t&eacute; interpr&eacute;t&eacute;e un peu comme s&rsquo;il s&rsquo;agissait d&rsquo;une &laquo;&nbsp;loi sur la protection du franchis&eacute;&nbsp;&raquo;. Il y a toute une diff&eacute;rence entre des r&egrave;gles g&eacute;n&eacute;rales applicables &agrave; tous les contrats et des r&egrave;gles similaires qui doivent &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute;es et appliqu&eacute;es dans le but sp&eacute;cifique de r&eacute;tablir un &eacute;quilibre entre le franchiseur et le franchis&eacute;. Ceci explique pourquoi, au cours des 10 derni&egrave;res ann&eacute;es,&nbsp; plusieurs d&eacute;cisions des tribunaux ontariens ont favoris&eacute; les franchis&eacute;s.</p>

<p>On comprend ainsi pourquoi les lois sur la franchise sont en g&eacute;n&eacute;ral bien accueillies par les franchis&eacute;s. Comme bien des lois adopt&eacute;es par nos l&eacute;gislateurs, la loi Wishart a soulev&eacute; beaucoup de questions quant &agrave; l&rsquo;interpr&eacute;tation de plusieurs de ses dispositions. Ceci a entrain&eacute; bien des recours devant les tribunaux. On note par ailleurs que plusieurs litiges mettant en cause des sujets qui ont fait l&rsquo;objet d&rsquo;une interpr&eacute;tation se r&egrave;glent maintenant &agrave; l&rsquo;amiable.</p>

<p>Ceci &eacute;tant dit, l&rsquo;Ontario n&rsquo;a pas le monopole des d&eacute;cisions judiciaires fracassantes dans le domaine de la franchise. On n&rsquo;a qu&rsquo;&agrave; mentionner les mots &laquo;&nbsp;Dunkin Donuts&nbsp;&raquo; pour faire fr&eacute;mir bien des franchiseurs &agrave; travers le Canada et les &Eacute;tats-Unis. De plus, une d&eacute;cision r&eacute;cente de la<a href="http://www.jugements.qc.ca/php/decision.php?liste=70785756&amp;doc=E37649E784EE391F6B3C37E59D135A05A1B17161E44BCB9E40B0D6DE55C6E1A1&amp;page=1"> Cour sup&eacute;rieure du Qu&eacute;bec (Caf&eacute; Vienne)</a> est aussi venue nous rappeler qu&rsquo;au Qu&eacute;bec, l&rsquo;obligation de<strong> bonne foi </strong>pr&eacute;contractuelle comprend une obligation pour le franchiseur d&rsquo;informer le franchis&eacute; potentiel et pour ce dernier de s&rsquo;informer. Dans une certaine mesure, les lois sur la franchise encadrent, pour le meilleur et pour le pire, l&rsquo;obligation pour le franchiseur d&rsquo;informer le franchis&eacute; potentiel.</p>

<p>Y a-t-il un syst&egrave;me qui soit meilleur que l&rsquo;autre? Il y a de nombreux arguments &agrave; faire valoir de chaque c&ocirc;t&eacute;.&nbsp;&nbsp; Entre temps, nous vivons avec les choix politiques faits par nos gouvernements respectifs.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p>